...............PORTOVENERE
la mer est de nouveau obscure. Tu comprends,
c'est la dernière nuit. Mais qui vais-je appelant ?
Hors l'écho, je ne parle à personne, à personne.
Où s'écroulent les rocs, la mer est noire, et tonne
dans sa cloche de pluie. Une chauve-souris
cogne aux barreaux de l'air d'un vol comme surpris,
tous ces jours sont perdus, déchirés pas ses ailes
noires, la majesté de ces eaux trop fidèles
me laisse froid, puisque je ne parle toujours
ni à toi, ni à rien. Qu'ils sombrent, ces "beaux jours" !
Je pars, je continue à vieillir, peu m'importe,
sur qui s'en va la mer saura claquer la porte.
Philippe Jaccottet, L'EFFRAIE et autres poésies, nrf Gallimard
samedi 15 mai 2010
Lorand Gaspar (2)
Rien ne m'est dû
tout est provisoire
j'apprends à m'intéresser
à ce qui reste
si peu que ce soit
ne plus me laisser embarquer
là où le je ne veux pas aller
ni par mer ni par fleuves
barrer les pistes de mes peurs,
les autoroutes de mes amours-propres
un dernier, le plus difficile
apprentissage me reste à parfaire
accepter ce que je ne peux pas changer,
accepter et non pas me résigner
je sais aussi qu'il peut m'arriver de ne pas y arriver,
cela aussi j'apprends à l'accepter
Lorand Gaspar, Derrière le dos de dieu, nrf Gallimard
tout est provisoire
j'apprends à m'intéresser
à ce qui reste
si peu que ce soit
ne plus me laisser embarquer
là où le je ne veux pas aller
ni par mer ni par fleuves
barrer les pistes de mes peurs,
les autoroutes de mes amours-propres
un dernier, le plus difficile
apprentissage me reste à parfaire
accepter ce que je ne peux pas changer,
accepter et non pas me résigner
je sais aussi qu'il peut m'arriver de ne pas y arriver,
cela aussi j'apprends à l'accepter
Lorand Gaspar, Derrière le dos de dieu, nrf Gallimard
Lorand Gaspar (1)
Tant de ravissement et d'effroi
que mon cerveau compose et défait
puisant dans un bric-à-brac
et d'émois dont le corps garde trace
si vive parfois sans nom ni figure
une simple résonance suffit
à la douleur ou à la joie.
Résilles lacis rhizomes réseaux
de lignes en torsades en tresses
étendent des nervures dans l'infini
invisibles sinon dans les corps
cailloux quasars et coquelicots
peau contre peau - rameau de nerfs,
d'arbres, d'éclairs, d'eaux et de vents
imbriqués sans bornes dans le pain
des mondes qui augmente et se dissout
dans nos images -
Lorand Gaspar, Derrière le dos de dieu, nrf Gallimard
que mon cerveau compose et défait
puisant dans un bric-à-brac
et d'émois dont le corps garde trace
si vive parfois sans nom ni figure
une simple résonance suffit
à la douleur ou à la joie.
Résilles lacis rhizomes réseaux
de lignes en torsades en tresses
étendent des nervures dans l'infini
invisibles sinon dans les corps
cailloux quasars et coquelicots
peau contre peau - rameau de nerfs,
d'arbres, d'éclairs, d'eaux et de vents
imbriqués sans bornes dans le pain
des mondes qui augmente et se dissout
dans nos images -
Lorand Gaspar, Derrière le dos de dieu, nrf Gallimard
Andrée Chedid (2)
Impie et sacrilège
L'oiseau s'affranchissait
Des liens de la terre
Libre d'allégeance
Il s'éleva
Au-dessus des créatures
Assujetties aux sols
Et à leurs tyrannies
............***
S'unissant
Aux jeux fondateurs
Des nuages et du vent
L'oiseau s'allia à l'espace
S'accoupla à l'étendue
S'emboîta dans la distance
Se relia à l'immensité
Se noua à l'infini
Andrée Chedid, Rythmes, nrf Gallimard
L'oiseau s'affranchissait
Des liens de la terre
Libre d'allégeance
Il s'éleva
Au-dessus des créatures
Assujetties aux sols
Et à leurs tyrannies
............***
S'unissant
Aux jeux fondateurs
Des nuages et du vent
L'oiseau s'allia à l'espace
S'accoupla à l'étendue
S'emboîta dans la distance
Se relia à l'immensité
Se noua à l'infini
Andrée Chedid, Rythmes, nrf Gallimard
Andrée Chedid (1)
........A part
A part le temps
Et ses rouages
A part la terre
En éruptions
A part le ciel
Pétrisseur de nuages
A part l'ennemi
Qui génère l'ennemi
A part le désamour
Qui ronge l'illusion
A part la durée
Qui moisit nos visages
A part les fléaux
A part la tyrannie
A part l'ombre et le crime
Nos batailles nos outrages
Je te célèbre ô Vie
Entre cavités et songes
Intervalle convoité
Entre le vide et le rien.
Andrée Chedid, Rythmes, nrf Gallimard
A part le temps
Et ses rouages
A part la terre
En éruptions
A part le ciel
Pétrisseur de nuages
A part l'ennemi
Qui génère l'ennemi
A part le désamour
Qui ronge l'illusion
A part la durée
Qui moisit nos visages
A part les fléaux
A part la tyrannie
A part l'ombre et le crime
Nos batailles nos outrages
Je te célèbre ô Vie
Entre cavités et songes
Intervalle convoité
Entre le vide et le rien.
Andrée Chedid, Rythmes, nrf Gallimard
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