vendredi 25 décembre 2009

Peter Altenberg (1)

............Schneesturm
Seele, wie bist du schöner, tiefer, nach Schneestrürmen - - -.
Auch du hast sie, gleich der Natur - - -.
Und über beiden liegt noch ein trüber Hauch.
Wenn das Gewölk sich schon verzog !

...........Tempête de neige
Âme, comme tu es belle, profonde après les tempêtes - - -.
Tu es comme la nature, tu connais ses déchaînements - - -.
Et sur l'une et l'autre plane encore un souffle de brume,
Quand les nuages ont disparu !


Sahst du nach dem Gewitterregen den Wald ? ! ?
Alles rastet, blinkt und ist schöner als zuvor - -.
Siehe, Fraue, auch du brauchst Gewitterregen !

As-tu vu la forêt après la pluie d'orage ? ! ?
Tout s'est calmé, scintille, est plus beau qu'avant - -.
Tu vois, femme, ta nature aussi demande ces orages !

Peter Altenberg, Nouvelles esquisses viennoises, traduit de l'Allemand par Miguel Couffon, Actes Sud

D. H. Laurence (3)

.........LE CENTRE DU MONDE

Cette mer ne mourra jamais, toujours jeune et bleue sans fin,
gonflant à l'aube ses collines
et protégeant l'esquif de Dionysos,
frêle et sombre, au mât pesant de grappes,
parmi les dauphins bondissants.

Qu'importe si les vapeurs
de la P.&O., de l'Orient Line, et autres pestilences
croisent à l'heure dite dans le royaume de Minos !
Ils ne font que passer, le royaume demeure.

Maintenant que la haute lune
dans la contemplation du soleil
embrase les mortels,
je vois descendre, à l'aube, des navires,
les hommes nus et minces de Cnossos,
à l'antique sourire de ceux dont le retour est sûr.
Ils allument sur les rivages de petits feux
et se blottissent, conversant
dans la musique des langages perdus.

Et l'on entend les dieux de Crète et de Tirynthe
comme autrefois doucement bavarder et rire ;
et Dionysos, jeune étranger, écoute
avec respect, de la barrière.

...
And the Minoan Gods, and the Gods of Tiryns
are heard softly laughing and chatting, as ever ;
and Dionysos, young and a stranger
leans listening on the gate, in all respect.

D. H. Laurence, Le navire de la mort et autres poèmes, Orphée, La Différence

D. H. Laurence (2)

..........NÈFLES ET SORBES

Je vous aime pourries
Délicieuse pourriture.

J'aime vous aspirer hors de vos peaux
Si sombres, si molles et si suaves
Si morbides, comme disent les Italiens.

Quel parfum rare, puissant, plein de réminiscences
Monte de votre chute à travers les étapes du déclin :
Jaillissement dans le jaillissement.

Quelque chose du parfum du muscat de Syracuse
Ou du vulgaire Marsala.
Quoique même le mot Marsala a un goût précieux
Dans notre Ouest timoré.

Qu'est-ce que c'est ?
Qu'est-ce qui, dans le raisin devenant raisin sec,
Dans le nèfle, dans la sorbe,
Outres à vins d'une morbidité sombre,
Excrément automnal,
Qu'est-ce qui, dans tout cela, nous rappelle les dieux blancs ?

Des dieux nus comme des cœurs d'amandes
Étrangement, presque sinistrement d'une odeur charnelle
Comme mêlée de sueur
Et ruisselante de mystère.

Sorbes, nèfles à couronnes mortes.
Je dis, merveilleuses sont les expériences infernales,
Orphiques, précieux
Dionysos du monde d'En-bas.

Un baiser et un spasme d'adieu, l'orgasme du moment de la séparation,
Puis, de nouveau seul sur la route mouillée, jusqu'au prochain tournant.
Et puis un nouveau partenaire, un nouveau départ, une nouvelle de-fusion en deux
Un nouveau sursaut d'isolement encore,
Une nouvelle intoxication de solitude, parmi les pourrissantes feuilles gelées.

Descendant les ruelles étranges de l'enfer, de plus en plus intensément seul,
Les fibres du coeur se détachant l'une après l'autre
Pendant que l'âme continue, pieds nus, toujours plus vigoureusement incarnée
Comme une flamme de plus en plus blanche,
Dans des ténèbres de plus en plus sombres,
Toujours plus exquise, distillée à l'écart.

Ainsi dans les étranges cornues des nèfles et des sorbes
L'essence distillée de l'enfer.
L'odeur exquise des adieux.
............Jamque vale !
Orphée et les tortueuses, touffues, silencieuses ruelles de l'enfer.

Chaque âme s'éloignant avec sa propre solitude,
La plus étrange de toutes les étranges compagnes
Et la meilleure.

Néfliers, sorbiers,
Plus que douce
Sève de l'automne,
Puisée hors de vos gousses vides

Et sirotées peut-être avec un peu de Marsala
Pour que la vigne grimpante qui tombe du ciel puisse ajouter sa saveur aux vôtres,
Orphiques adieux, et adieux, adieux
Et l'ego sum de Dionysos
Le sono io de la parfaite ivresse
Griserie de la solitude finale.

...
Orphic farewell, and farewell, and farewell

And the ego sum of Dionysos
The sono io of perfect drunkenness
Intoxication of final loneliness.

San Gervasio

D. H. Laurence, Sous l'étoile du Chien, Orphée, La Différence

jeudi 24 décembre 2009

D. H. Laurence (1)

CYCLAMENS DE SICILE

Quand il délivra son front de sa tignasse noire,
Quand elle écarta de ses yeux sa crinière sombre pour la nouer derrière en chignon
-- Oh geste de terrible audace !
Quand ils sentirent la lumière du ciel brandie comme une lame sur leurs yeux sans défense,
Et la mer, sabre sur leur visage
De méditerranéens sauvages,
Quand ils parurent, à visages nus, sous le ciel, hors de leur chevelure, hirsute broussaille,
Pour la première fois,
Ils virent de menus cyclamens roses entre leurs orteils, poussant là
Où les crapauds figés ruminaient le passé.

Lents crapauds, feuilles de cyclamens
Luisantes et grasses d'ombre éternelle,
Attachés à la terre.
Feuilles de cyclamens
A la peau de crapaud huilée, irisant la terre
Tant de beauté
Filigranes de givre
Écume de vase
Nacre d'escargot
Plus qu'humbles.

Les visibles remous de la mer
Et le visage nu, sans défense, de l'homme
Et les cyclamens repliant leurs oreilles.
Longs, pensifs, des bourgeons, fins museaux de lévriers
Songeurs, encore sans présence,
Surgis de terre
Entre ses orteils.

Rose d'aurore
En de subtils délices, cyclamens,
Générés de la pierre, jeunes cyclamens,
Cambrés,
Alertes, dressant leurs oreilles
Comme de fragiles et tendres levrettes
A moitié baillant à la neuve annonce du jour,
Repliant leurs pétales, oreilles sourdes.

Levrettes
Inclinant en rêvant leurs museaux roses
A douce haleine, rebelles à l'éveil du jour nouveau
Encore en de subtils délices.
Ah, matin de méditerranée, aube du monde !
Lointains matins de Méditerranée,
Rivages nus des Pélages,
Et cyclamens épanouis.

Le lièvre soudain gravit la colline
Couchant ses longues oreilles, sans trêve de bonheur.

Et toi, gagnant les pâles rivages pierreux de Méditerranée, blancs d'écume,
Toi, cyclamens rose, éclaireur extasié !
Cyclamens, cyclamens au mufle vermeil
En bandes, comme font les lièvres sauvages,
Mufle à mufle, oreilles aux aguets,
Chuchotis de sorcières
Comme des femmes au puits, à la source d'aurore.

La Grèce, et le matin du monde
Où les marbres du Parthénon protégeaient encore les racines du Cyclamen.
Violettes
Violettes païennes au mufle rose
Automnales
Roses d'aurore,
Aube pâle
Parmi les lourdes feuilles-crapauds émaillant
Les marbres futurs de l'Erechtéion.

D. H. Laurence, Le navire de la mort et autres poèmes, Orphée, La Différence

mardi 22 décembre 2009

Pierre Louis Gadenne (5)







Si le vent ne tombe pas

Si les mots ne me manquent pas
Si ma voix porte jusque là
Si la mer nous apporte le vent
Si la terre nous porte
Si nos pas sont fidèles
Si notre regard est dense

Si l'effort porte ses fruits
Si l'on retrouve nos idées
Si le fatras du monde désarme
Si sa voix nous envoûte encore
Si nos verres sonnent clair
Si nos gestes s'enroulent
autour de la rondeur des ombres

Si la nuit n'apporte plus la pluie
Si l'aube n'écarte plus mon calme
Si les barques reprennent le large
Si les oiseaux reviennent des havres
Si le chant du griot efface les malédictions
Si le vent de sable crépite
Si le temps est une caresse

Si tu marches au bord des falaises
Si ton haleine déjoue le noir
Si les ronces griffent nos jambes
Si la terre sent la pluie du jour
Si le chemin est creux
Si l'horizon est sans cesse changeant
sans le calme des repères familiers...

Pierre Louis Gadenne, Existences, Horizons

Kathleen Raine (2)

LOVE SPELL

By the travelling wind
By the restless clouds
By the space of the sky,

By the foam of the surf
By the curve of the wave
By the flowing of the tide,

By the way of the sun,
By the dazzle of light
By the path across the sea,
.........Bring my lover.

By the way of the air,
By the hoodie crow's flight
By the eagle on the wind,

By the cormorant's cliff
By the seal's rock
By the raven's crag,

By the shells on the strand
By the ripples on the sand
By the brown sea-wrack,
.........Bring my lover.

By the mist and the rain
By the waterfall
By the running burn,

By the clear spring
By the holy well
And the fern by the pool
.........Bring my lover.

By the sheepwalks on the hills
By the rabbit's tracks
By the stones of the ford,
.........Bring my lover.

By the long shadow
By the evening light
By the midsummer sun
.........Bring my lover.

By the scent of the white rose
Of the bog myrtle
And the scent of the thyme
.........Bring my lover.

By the lark's song
By the blackbird's note
By the raven's croak
.........Bring my lover.

By the voices of the air
By the water's song
By the song of a woman
.........Bring my lover.

By the sticks burning on the hearth
By the candle's flame
By the fire in the blood
.........Bring my lover.

By the touch of hands
By the meeting of lips
By love's unrest
.........Bring my lover.

By the quiet of the night
By the whiteness of my breast
By the peace of sleep
.........Bring my lover.

By the blessing of the dark
By the beating of the heart
By my unborn child,
.........Bring my lover.

Kathleen Raine, Le royaume invisible, Orphée, La Différence.

Kathleen Raine (1)

SPELL OF SLEEP

Let him be safe in sleep
As leaves folded together
As young birds under wings
As the unopened flower.

Let him be hidden in sleep
As islands under rain,
As mountains within their clouds,
As hills in the mantle of dusk.

Let him be free in sleep
As the flowing tides of the sea,
As the travelling wind on the moor,
As the journeying stars in space.

Let him be upheld in sleep
As a cloud at rest on the air,
As sea-wrack under the waves
When the flowing tide covers all
And the shells' delicate lives
Open on the sea-floor.

Let him be healed in sleep
In the quiet waters of night
In the mirroring pool of dreams
Where memory returns in peace,
Where the troubled spirit grows wise
And the heart is comforted.

Kathleen Raine, Le royaume invisible, Orphée, La Différence.

lundi 21 décembre 2009

Pierre Louis Gadenne (4)

Encore la pluie
Encore les larmes

Encore des mots étranges

Encore des voix

Encore des cordes tendues

Encore des éclats de rire
Encore des illusions


Encore de la terre rouge

Encore des cris de prédateurs

Encore une voix dans le matin

Encore un soupir dans la nuit

Encore un dessin inachevé

Encore un cercle de feu

Encore un jour d'orage

Encore des signes

Encore des traces
Encore des chemins familiers

Encore des sources fraiches

Encore des grincements féroces

Encore des prédicateurs absurdes

Encore des nuages voluptueux


Encore des parages de paradis

Encore des lacs vastes

Encore des clartés matinales

Encore des enchevêtrements de branches

Encore la musique des mots

tendus entre deux âmes légères

Pierre Louis Gadenne, Existences, Horizons

dimanche 20 décembre 2009

Pierre Louis Gadenne (3)

Par les chemins
Par des chansons
Par temps clair

Par temps de chien

Par mesure de prudence

Par peur de l'inconnu
Par excès de confiance

Par surprise

Par mégarde
Par passion

Par amour
Par la force des sentiments

Par des voies détournées

Par sincérité


Par amusement

Par goût du risque

Par besoin de repères

Par le truchement du silence

Par aversion du hasard

Par tendresse

Par fidélité


Par absurde vengeance

Par les vents tièdes de l'ouest

Par des cris d'oiseaux de mer

Par une fenêtre ouverte vers la montagne

Par tous les mots qui se sont perdus

Entre lui et le monde.


Pierre Louis Gadenne,
Existences, Horizons

G. E. Clancier (2)

........DANS

Dans le règne animal et tendre,
Dans le noir, dans la chair, dans la touffe,
Dans l'odeur, le chaud, la sueur.

Dans le fourré, le gîte, la terre meuble,
Dans la brassée ténébreuse, amoureuse,
Dans le déferlement de feu.

Dans l'oubli originel,
Dans le naufrage d'avant les mots,
Dans la jonchée des corps.

Dans la peau, dans la rumeur du sang,
Dans la peau et le sang du sommeil.
Dans la bouche du sommeil.

Dans la vague, l'écume, le creux, la houle,
Dans la mer caressée d'un sombre soleil,
Mer gloutonne, apaisante, apaisée,
Dans la matrice heureuse, triomphante,
Hors de la vie, hors de la mort.

Georges-Emmanuel Clancier, Le Paysan céleste suivi de Notre part d'or et d'ombre, Poésie/Gallimard

G. E. Clancier (1)

D'une rive tu veilles l'autre.

Le flux d'odeur et d'ombre
(Ses traînées d'étoiles sauvages,
Ses zones d'astres apprivoisés)
Emplit ton souffle.

Tu veilles, enfant perdu, âme fauve,
Poussière effacée, conquérant sans armes,
Tu rêves de joindre la plage obscure
(Quel vent, quel silence t'y déposèrent ?)
A la berge où brillent vainement les noms
De ce lieu, de cette veille où tu te loves.

Georges-Emmanuel Clancier, Le Paysan céleste suivi de Notre part d'or et d'ombre, Poésie/Gallimard

dimanche 13 décembre 2009

Herta Müller (1)
























HAST DU EIN TASCHENTUCH, fragte die Mutter jeden Morgen am Haustor, bevor ich auf die Straße ging. Ich hatte keines. Und weil ich keines hatte, ging ich noch mal ins Zimmer zurück und nahm mir ein Taschentuch. Ich hatte jeden Morgen keines, weil ich jeden Morgen auf die Frage wartete. Das Taschentuch war der Beweis, daß die Mutter mich am Morgen behütet. In den späteren Stunden und Dingen des Tages war ich auf mich selbst gestellt. Die Frage HAST DU EIN TASCHENTUCH war eine indirekte Zärtlichkeit. Eine direkte wäre peinlich gewesen, so etwas gab es bei den Bauern nicht. Die Liebe hat sich als Frage verkleidet. Nur so ließ sie sich trocken sagen, im Befehlston wie die Handgriffe der Arbeit. Daß die Stimme schroff war, unterstrich sogar die Zärtlichkeit. Jeden Morgen war ich ein Mal ohne Taschentuch am Tor und ein zweites Mal mit einem Taschentuch. Erst dann ging ich auf die Straße, als wäre mit dem Taschentuch auch die Mutter dabei.

(...)

TU AS UN MOUCHOIR ? me demandait ma mère au portail tous les matins, avant que je ne parte dans la rue. Je n’en avais pas. Étant sans mouchoir, je retournais en prendre un dans ma chambre. Je n’en avais jamais, car tous les jours, j’attendais cette question. Le mouchoir était la preuve que ma mère me protégeait le matin. Le reste de la journée, pour les autres sujets, je me débrouillais seule. La question TU AS UN MOUCHOIR ? était un mot tendre détourné. Direct, il aurait été gênant, ça ne se faisait pas chez les paysans. L’amour était travesti en question. On ne pouvait l’exprimer que sèchement, d’un ton impérieux, comme les gestes du travail. C’était même la brusquerie de la voix qui soulignait la tendresse. Tous les matins, au portail, j’étais d’abord sans mouchoir, et j’attendais d’en avoir un pour m’en aller dans la rue ; c’était comme si, grâce au mouchoir, ma mère avait été présente.
(...)

Herta Müller, Discours pour la réception du Prix Nobel de littérature 2009
en français :http://nobelprize.org/nobel_prizes/.../muller-lecture_fr.html
en allemand : http://nobelprize.org/nobel_prizes/.../muller-lecture_ty.html

Adonis (1)




















"Toute blessure est enfer" :
Se dit-il quand il se rappelle sa douleur
Des interstices de ses nuits
Des étoiles amères tombent sur lui
Il dit, tandis que l'univers touche ses membres :
"Vaine est toute aube qui ne mène pas à une extase "

Adonis,
La forêt de l'amour en nous, traduit de l'arabe par Vénus Khoury-Ghata et Issa Makhouf, Mercure de France

mardi 1 décembre 2009

Georg Trakl (1)

Am Moor

Wanderer in schwarzen Wind; leise flüstert das dürre Rohr
In der Stille des Moors. Am grauen Himmel
Ein Zug von wilden Vögeln folgt;
Quere über finsteren Wassern.

Aufruhr. In verfallener Hütte
Aufflattert mit schwarzen Flügeln die Fäulnis;
Verkrüppelte Birken seufzen im Wind.

Abend in verlassener Schenke. Den Heimweg umwittert
Die sanfte Schwermut grasender Herden,
Erscheinung der Nacht : Kröten tauchen aus silbernen Wassern.


Au bord du marais

Promeneur dans le vent noir, les roseaux secs chuchotent doucement
Dans le calme du marécage. Au ciel gris
passe un vol d’oiseaux sauvages ;
Diagonale sur les eaux sombres.

Tumulte. Au fond d’une cabane délabrée,
La pourriture aux ailes noires prend son envol ;
Des bouleaux rabougris gémissent dans le vent.

Soirée dans une auberge abandonnée : sur le chemin du retour
S’attarde la douce mélancolie des troupeaux qui paissent.
Apparition nocturne : des crapauds sortent des eaux argentées.

Georg Trakl, Rêve et Folie & Autres poèmes, suivi d’un choix de lettres. Édition bilingue (pour les poèmes). Traduction Henri Stierlin (poèmes) et Monique Silberstein (lettres). Éditions Héros-Limite