dimanche 20 octobre 2013

Cornell (2)


Joseph Cornell. 

Cornell (1)



Joseph Cornell, 1903-1972

dimanche 6 octobre 2013

Ossiane

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Ossiane

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Bergsveinn Birgisson (1)

L'instant où je versai de l'huile de requin sur l'échine du dernier agneau me reste toujours en mémoire. C'est alors que tu enlevas ta chemise et que la lumière de la lucarne où se nichaient les remèdes tomba sur tes seins nus, soulignant d'ombre le poids de leurs courbes. Je vis aussi tes hanches qui s'évasaient à partir de la taille et je me raidis tout entier à ce spectacle. Jamais je n'avais vu chose plus belle sur la terre, sauf peut-être le jour où, assis dans la colline de Küluholt pour cueillir des myrtilles vers la fin du mois d'août, je contemplai le pays inculte jusqu'au rivage au bas de la pente et des cailloutis, et là-bas, resplendissant du vert des chaumes, serrés et vigoureux, les prés fraîchement fauchés de Tungunes, ces trois hectares labourés et ensemencés du haut de mon tracteur Farmall, acheté par l'intermédiaire de l'Union - le premier de ce modèle dans la contrée. Ce lopin vert c'était du "chêne incrusté d'ivoire", comme il est dit du dieu Thor débarquant parmi les hommes. (...)

Bergsveinn Birgisson, La lettre à Helga, Zulma

George Oppen (3)

George Oppen (2)

Les formes de l'amour

Garés au beau milieu des champs
Toute la nuit
Il y a tant d'années de ça,
Nous avons aperçu
Un lac devant nous
Quand la lune s'est levée.
Je nous revois

Sortir ensemble de la vieille
Voiture. Je nous revois
Debout à ses côtés dans l'herbe
Blanche. Nous avons descendu
La pente ensemble
A l'aveuglette dans cette lumière
Eblouissante, invraisemblable

En nous demandant si
C'était bien un lac
Ou du brouillard
Que nous apercevions, la tête
Carillonnant sous les étoiles nous avons marché
Jusqu'à l'endroit où nous aurions dû patauger
Dans l'eau s'il y en avait eu

Georges Oppen, Poésie complète, traduit par Yves di Manno, José Corti

George Oppen (1)


George Oppen, Poésie complète, traduit par Yves di Manno, José Corti

mardi 1 janvier 2013

François Sureau (2)

 Un matin en prison

Je suis la vitre sale où passent les orages
L'ordure crépitant avec un bruit mouillé

Dans le feu que tu donnes ô rêve d'être sage
Tu es loin derrière moi dans la nuit du passé

Je me tords sur la braise étrange liberté
Tu aimes qu'on se perde pour mieux se trouver

Un monde tout en moi qui me suis effacé
Laisse-moi m'échapper

J'aimerais tant savoir qui jeta ce filet
Où je me pris enfant que tu viens déchirer

François Sureau, SANS BRUIT SANS TRACE, nrf  Gallimard