...
Salgo alle montagne dove mette distanza dal trabocchetto-botola
delle tue gocce, mare. (...)
Je monte sur les montagnes où je me tiens à distance de la chausse-trape
de tes gouttes, mer. Je vais sur la glace et la neige,
j'effrite sous mes pas les infinis cristaux hexagonaux,
pour naufrage j'ai l'avalanche et la crevasse,
pour asphyxie l'oxygène qui en haut se raréfie et essouffle.
Je lève le dernier pas qui dépose au sommet
où l'au-delà n'est plus sol, mais air. Maim, shamaim, eaux, cieux ;
l'hébreu des déserts remonte de la rime à la substance commune : maim, shamaim.
Nous sommes faits de ça, d'eau et d'air, comme les comètes,
mais sans cycle de réapparition et cela suffit
comme réconfort et congé.
Erri de Luca, Oeuvre sur l'eau, Trad. Danièle Valin, Poésie/Seghers