Pour un nouvel hiver
S'il suffisait de ceci : arriver quelque part 
en prononcer parfaitement le nom, être à la maison.
Heureux hiver quand le nouvel hiver est passé 
d'un début qui pour nous est encore sans nom 
proche du chemin des filets, l'été 
peut-être, un faible cercle de lueurs.
Autour des plantes seules
que tu n'aurais pas eu le temps de déplacer 
de l'eau sur les pierres soufflées - la grêle 
nous ne saurons jamais si elle est arrivée au bruit 
qu'elle faisait sur les toits, là à ton époque 
dans la propreté blanche et humaine des sanitaires.
Jusque là, juste des pas nets 
que tu écoutes peut-être avec un ardent silence 
et l'air entre les orangers agités lentement par la main des vivants.
Tu vois, ici pour la première fois, rien ne se perd. 
Ce matin, ils ont battu la terre 
froide- comblée par la joie des eaux 
le vent dans la cour 
a oublié pour toi 
la barre de la chaise, la nuque renversée. 
Bonne nuit maintenant qu'il fait nuit à nouveau 
et il est faux que le gel durera 
et doucement tu abaisses la pensée 
peut-être un déclic déclenche-t-il quelque chose en hauteur 
très haut - 
une note 
au-delà du bec, au-delà des yeux brillants d'un oiseau 
un éclair de colline - celle-là en bas 
collée au toit vert bronze de l'église.
Bonne nuit à toi 
à jamais privée d'abîme une steppe de l'âme étouffée 
où l'olivier se plie sans un bruit 
Jérusalem de la quiétude 
de la quiétude et du tronc qui encercle et inscrit la mort 
qui l'aspire dans le vide et dans le vide la jette
et la mâche lentement.
Je n'ai ni voix ni chant
mais une langue tressée de paille 
une langue de corde et du sel dans mon poing 
plein pour chaque fissure 
dans le portail de la maison qui frappe sur le tombeau dur de l'aube
de l'obscurité à l'obscurité,
pour qui reste
pour qui tourne.
Antonella Anedda, in Po&sie N°110, 1975-2004, 30 ans de poésie italienne - 2.  Belin.
lundi 16 avril 2012
Mauro Ferrari (1)
Pas, roches
III
Où il n'y avait que la fronce des collines
les lentes poussées millénaires et le balancement
des bois entre les automnes
une main a déposé un sanctuaire -
pendant les siècles des siècles vinrent
en file indienne, hostile patience, les corps.
IV
Ici tout est comme tu le vois, une herbe qui brille
Trois mois par an ; tout
a le goût d'une entaille dans la peau
et rien, non rien vraiment n'est jamais vraiment vivant.
V
Toute une crête au vent pulvérisée
Mais en un temps que tu ne sauras comprendre, et tu ne verras pas
que cette moraine se fasse poussière, que l'horizon s'ouvre.
Tutta una cresta che sfarina al vento
ma in un tempo incomprensibile, e non vedrai
questa morena farsi polvere, apirsi l'orizzonte.
Mauro Ferrari, in Po&sie N°110, 1975-2004, 30 ans de poésie italienne - 2. Belin.
III
Où il n'y avait que la fronce des collines
les lentes poussées millénaires et le balancement
des bois entre les automnes
une main a déposé un sanctuaire -
pendant les siècles des siècles vinrent
en file indienne, hostile patience, les corps.
IV
Ici tout est comme tu le vois, une herbe qui brille
Trois mois par an ; tout
a le goût d'une entaille dans la peau
et rien, non rien vraiment n'est jamais vraiment vivant.
V
Toute une crête au vent pulvérisée
Mais en un temps que tu ne sauras comprendre, et tu ne verras pas
que cette moraine se fasse poussière, que l'horizon s'ouvre.
Tutta una cresta che sfarina al vento
ma in un tempo incomprensibile, e non vedrai
questa morena farsi polvere, apirsi l'orizzonte.
Mauro Ferrari, in Po&sie N°110, 1975-2004, 30 ans de poésie italienne - 2. Belin.
Inscription à :
Commentaires (Atom)
 


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
