samedi 29 août 2009
Fernando Pessoa (3)
Ah, todo o cais é uma saudade de pedra !
...
Ah, tout le quai est une mélancolie de pierre !
Et quand le navire quitte le quai
Et qu'on voit soudain que s'est ouvert un espace
Entre le quai et le navire,
Il me vient, je ne sais pas pourquoi, une anxiété récente,
Une brume de sentiments de tristesse
Qui brille au soleil de mes pelouses d'anxiété
Comme la première fenêtre où frappe le petit jour,
Et m'enveloppe comme le souvenir d'une autre personne
Qui mystérieusement serait moi.
Ah, qui sait, qui sait,
Si je ne suis pas parti autrefois, avant moi-même,
D'un quai ; si je n'ai pas quitté, navire au soleil
Oblique de l'aurore,
Une autre espèce de port ?
...
Fernando Pessoa / Alvaro de Campos, Ode maritime, traduit par Dominique Touati, Ed. de la différence
Fernando Pessoa (2)
XXIII
Mon regard bleu comme le ciel
Est calme comme les eaux sous le soleil.
Il est ainsi, bleu et calme,
Parce qu'il n'interroge pas plus qu'il ne s'étonne...
(...)
Fernando Pessoa / Alberto Caeiro, Le Gardeur de troupeaux, Christian Bourgois Ed.
dimanche 23 août 2009
Depardon (1)
"Dans un voyage, on évolue, on change, on se transforme. Et souvent, on rentre et tout est annulé par le retour. Il faut essayer de garder des traces. C'est pour cette raison peut-être que j'ai envie de parler de ces photos. C'est peut-être justement pour que tout cela ne soit pas annulé par le retour et la fin de l'errance, que cela ne reparte pas dans le vent, pour recommencer la prochaine fois, recommencer toujours cette insatisfaction, cette quête. Que ça me fasse avancer, que j'arrive vers le bonheur, que je sois heureux. Souvent on me dit que j'ai une gravité naturelle, que j'ai une timidité, une insatisfaction dans mes propos... Il y a cette quête du lieu, cette quête du moi acceptable aussi. Il y a cette quête de s'accepter."
(...)
Raymond Depardon, Errance, Seuil.
Queneau (1)
NOSTALGIE
En plein milieu de la France
que faire un dimanche
que faire un dimanche
sinon penser à la Manche
à ses îles à ses falaises
à ses côtes (certaines anglaises)
à ses bateaux à ses phares
à ses ports à ses amarres
à ses pluies douces et fréquentes
voilà ce qu'on peut faire un dimanche
en plein milieu de la France
Raymond Queneau, Courir les rues ; Battre la compagne ; Fendre les flots, Poésie / Gallimard
PLG
En plein milieu de la France
que faire un dimanche
que faire un dimanche
sinon penser à la Manche
à ses îles à ses falaises
à ses côtes (certaines anglaises)
à ses bateaux à ses phares
à ses ports à ses amarres
à ses pluies douces et fréquentes
voilà ce qu'on peut faire un dimanche
en plein milieu de la France
Raymond Queneau, Courir les rues ; Battre la compagne ; Fendre les flots, Poésie / Gallimard
PLG
vendredi 14 août 2009
Fernando Pessoa (1)
Tu es seul. Nul ne le sait. Sois silence et feinte,
.......Mais feinte sans l'esprit de feinte.
N'espère rien qui n'existe déjà en toi,
.......Chacun par devers soi est tout.
Tu as soleil s'il fait soleil, branches si tu veux des branches,
.......Chance si la chance est pour toi.
Fernando Pessoa / Ricardo Reis, Odes, Christian Bourgois Ed.
.......Mais feinte sans l'esprit de feinte.
N'espère rien qui n'existe déjà en toi,
.......Chacun par devers soi est tout.
Tu as soleil s'il fait soleil, branches si tu veux des branches,
.......Chance si la chance est pour toi.
Fernando Pessoa / Ricardo Reis, Odes, Christian Bourgois Ed.
dimanche 9 août 2009
Loïc Herry (3)
Velours râpés luxe passé miroirs blasés
Audaces suspendues d'une province ancienne
Au lupanar
Se croisent des souvenirs de départ
Le regret des joies l'identité
Des nudités
Un bras nu sur le drap réhabite
Son poids - j'attends l'aube
Dehors à sa juste place
Chaque chose
Loïc Herry, Oeste/Ouest, Ecrits des forges
Audaces suspendues d'une province ancienne
Au lupanar
Se croisent des souvenirs de départ
Le regret des joies l'identité
Des nudités
Un bras nu sur le drap réhabite
Son poids - j'attends l'aube
Dehors à sa juste place
Chaque chose
Loïc Herry, Oeste/Ouest, Ecrits des forges
vendredi 7 août 2009
Loïc Herry (2)
sur le toit de tôle
l'averse tousse comme l'enfer
une heure
un jour
on parle plus fort puis
on se tait
on se sourit du bout des doigts
Loïc Herry, Polynésie-Poésie, Écrits des forges
°°°
poèmes sur papier blanc
c'est donc que mes doigts
ne vont plus sur ton corps
effacer le sillage des mots
(...)
Loïc Herry, Polynésie-Poésie, Écrits des forges
Loïc Herry (1)
Toux crescendo des vagues montant sur le rivage.
Cernée de moutons et de mouettes,
Une barque au loin danse dans les creux.
L'homme est debout dans la mâchoire.
L'arrière du chalutier. Du cordier. Du caseyeur.
Bleu de chauffe, jambes écartées.
Au fond de la rade déjà l'océan roule
La coque dans ses doigts. Cigarette.
Un coup d'œil pour la digue.
Pas une main familière, pas un adieu.
Saut quotidien dans le cercle de feu.
Loïc Herry, Oeste/Ouest, Écrits des forges
***
Les vagues viennent douces sur les galets lisses
Jardeheu c'est au cap cette toux c'est l'extrémité
Écueils historiés de cris sous le soleil calme
L'écume claque les noms de visages effacés
Jardeheu des tempêtes - seigneur affilé de la Hague
Devant la fureur lumineuse d'un paquebot perdu
Cette pierre qui boit les regards comme en prière
Quand sur le rivage on vient respirer
L'odeur iodée de bave et de cadavre
Les vagues viennent douces sur les galets lisses.
Loïc Herry, Oeste/Ouest, Écrits des forges
Cernée de moutons et de mouettes,
Une barque au loin danse dans les creux.
L'homme est debout dans la mâchoire.
L'arrière du chalutier. Du cordier. Du caseyeur.
Bleu de chauffe, jambes écartées.
Au fond de la rade déjà l'océan roule
La coque dans ses doigts. Cigarette.
Un coup d'œil pour la digue.
Pas une main familière, pas un adieu.
Saut quotidien dans le cercle de feu.
Loïc Herry, Oeste/Ouest, Écrits des forges
***
Les vagues viennent douces sur les galets lisses
Jardeheu c'est au cap cette toux c'est l'extrémité
Écueils historiés de cris sous le soleil calme
L'écume claque les noms de visages effacés
Jardeheu des tempêtes - seigneur affilé de la Hague
Devant la fureur lumineuse d'un paquebot perdu
Cette pierre qui boit les regards comme en prière
Quand sur le rivage on vient respirer
L'odeur iodée de bave et de cadavre
Les vagues viennent douces sur les galets lisses.
Loïc Herry, Oeste/Ouest, Écrits des forges
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