GESANG DES ABGESCHIEDENEN
IN VENEDIG
Stille in nächtigem Zimmer
Silbern flackert der Leuchter
Vor dem singenden Odem
Des Einsamen;
Zaubrisches Rosengewölk.
Schwärzlicher Fliegenschwarm
Verdunkelt den steinernen Raum
Und es starrt von der Qual
Des goldenen Tags das Haupt
Des Heimatlosen.
Reglos nachtet das Meer.
Stern und schwärzliche Fahrt
Entschwand am Kanal.
Kind, dein kränkliches Lächeln
Folgte mir leise im Schlaf.
CHANT DE L'ISOLÉ
À VENISE
Calme dans la chambre nocturne.
D’argent scintille le bougeoir
Devant l’haleine fredonnante
Du solitaire ;
Magie des nuages de roses.
Une nuée de mouches noires
Obscurcit le pierreux espace ;
Et l’œil fixé sur l’agonie
Des dorures du jour : la tête
De l’apatride.
Sans mouvement fait nuit la mer.
Étoile et voyage noirâtre
Ont disparu dans le canal.
Enfant, ton rire maladif
M’a suivi doux dans le sommeil.
Georg Trakl, Poèmes II, GF Flammarion