samedi 4 juillet 2009

Richard Rognet (1)

La sauge et le thym
se réveillent dans
une tache de soleil
qui va grandir jusqu’à

midi. Pas un souffle
de vent, l’immobilité
règne. Nous nous sommes

quittés sans rien
savoir de nous. Près
du mur que la lumière

égratigne, un chien
roux se repose je
me blottis dans son
regard inépuisable.

° ° °

Tu aimes que sur le
mur, la lumière acide
du soleil harponne

les ombres élancées
des plantes. Par endroits,
se croisent, se chevauchent
des formes, des fragments

d’infini ils traversent
ton corps et suivent
dans ton sang les bonds
et les rebonds du ruisseau

qui bredouillait, jadis,
près de ce mur, et dont
les miroitements éclataient
en pétales impalpables.

° ° °

Immobilité de midi
le soleil prend le pouls
des branches. D’offrandes

et de refus, c’est ainsi
que le temps se nourrit,

aimer déchire les mains
qui se sont posées sur
les corps, par mégarde
ou par volonté. Le ciel

fut trop noir, la terre trop
obscure, il faut travailler
au moindre détail, dans
la lumière de midi.


Richard Rognet, Un peu d’ombre sera la réponse, Gallimard