mardi 29 septembre 2009
Guillevic (6)
L'âge mûr
.....IV
Et la mouette, après tout, que pouvait-elle faire
Pour toi ? Quoi te dire et t'apprendre, t'apporter
De tout cela qui te manquait ? Voici l'été.
Le monde est lourd et grand et rien ne se diffère.
Mais la mouette jamais ne pouvait te soustraire
A cette espèce de délire. Et te quitter
Pour le large pouvait tout au plus t'inviter
A te tourner vers autre chose que la terre.
Aime-la pour son vol, pour la tendre couleur
Qu'elle met sur le port et lui fait son ampleur,
Pour ce goût de la mer qu'elle apporte avec elle.
Aime-la si tu peux pour elle simplement.
Avance vers le port où les marins se hèlent.
C'est aux marins qu'il faut parler s'ils ont le temps.
Guillevic, Relier, poèmes 1938-1996, Gallimard