tiré vers le bas par les ailes
ils parlent d'anges ou elle
parle d'anges
derrière une baie vitrée donnant sur le
Sunset Strip
(elle a ce style de visions)
(je n'ai pas ce style de visions)
mais peut-être que les anges préfèrent les gens avec
de l'argent,
les filles de riches fermiers qui meurent d'un
cancer de la gorge au Brésil.
moi-même je ne peux pas m'empêcher de voir des
créatures sans ailes aux histoires ternes et aux intentions
lamentables
et lorsque je diffame son
rêve
elle dit :
............. tu essaies de me
............. tirer vers le bas
............. par les ailes.
elle va en Europe cet été :
la Grèce, l'Italie, très probablement
Paris et elle embarque
plusieurs de ses anges avec
elle.
pas tous
mais plusieurs.
alors il y aura ce métis chinois qui dort la
nuit dans les issues de secours,
le Noir homosexuel qui joue aux échecs et
a lu du Shelley au Sensualist,
et puis il y aura celui qui est vraiment doué avec des
pinceaux (Nickey) mais que l'on arrive
tout bonnement pas à
lancer et
il y aura aussi Sieberling qui pleure parce qu'il
aime sa mère (vraiment).
beaucoup de ces
anges
quitteront la ville et voleront autour de l'
Arc de triomphe
pour y être photographiés ou
chasseront les scarabées au
9 rue Gît-le-Cœur, et
l'été sera torride et
solitaire
pour beaucoup d'entre nous quand
le diable reviendra s'emparer d'Hollywood
une fois de plus.
Charles Bukowski, Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines. Trad. Thierry Beauchamp, Ed. du Rocher