dimanche 29 novembre 2009

Bukowski (3)
























Pour Jane : avec tout l'amour que j'avais, ce qui ne suffisait pas : ...


Je ramasse la jupe,
je ramasse les perles noires
étincelantes,
cette chose qui jadis bougeait
autour de la chair,
et je traite Dieu de menteur,
je dis que tout ce qui bougeait
ainsi
ou connaissait
mon nom
ne saurait mourir
au sens où l'on entend généralement la mort,
et je ramasse
sa belle
robe,
alors que sa beauté s'est envolée,
Et je parle
à tous les dieux,
les dieux juifs, les dieux-Christ,
bribes de choses idiotes,
idoles, pilules, pain,
brasses, risques,
renonciations savantes,
rats dans la sauce de ces 2 devenus dingues,
sans avoir eu l'ombre d'une chance,
savoir d'oiseau-mouche chance d'oiseau-mouche,
je m'appuie là-dessus,
je m'appuie sur tout ça
et je sais :
sa robe sur mon bras :
mais
ils ne me
la rendront pas.

Charles Bukowski, Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines. Trad. Thierry Beauchamp, Ed. du Rocher