♫ Flash
samedi 29 janvier 2011
dimanche 23 janvier 2011
Leopardi (1)
.................L' INFINI
Toujours j'aimai cette hauteur déserte
Et cette haie qui du plus lointain horizon
Cache au regard une telle étendue.
Mais demeurant et contemplant j'invente
Des espaces interminables au-delà, de surhumains
Silences et une profonde
Tranquillité que pour un peu se troublerait
Le cœur. Et percevant
Le vent qui passe dans ses feuilles — ce silence
Infini, je le vais comparant
A cette voix, et me souviens de l'éternel,
Des saisons qui sont mortes et de celle
Qui vit encor, de sa rumeur. Ainsi
Dans tant d'immensité ma pensée sombre,
Et m'abîmer m'est doux en cette mer.
Leopardi, in D'une lyre à cinq cordes, Traductions de Philippe Jaccottet, 1946-1995, nrf Gallimard
Toujours j'aimai cette hauteur déserte
Et cette haie qui du plus lointain horizon
Cache au regard une telle étendue.
Mais demeurant et contemplant j'invente
Des espaces interminables au-delà, de surhumains
Silences et une profonde
Tranquillité que pour un peu se troublerait
Le cœur. Et percevant
Le vent qui passe dans ses feuilles — ce silence
Infini, je le vais comparant
A cette voix, et me souviens de l'éternel,
Des saisons qui sont mortes et de celle
Qui vit encor, de sa rumeur. Ainsi
Dans tant d'immensité ma pensée sombre,
Et m'abîmer m'est doux en cette mer.
Leopardi, in D'une lyre à cinq cordes, Traductions de Philippe Jaccottet, 1946-1995, nrf Gallimard
mercredi 19 janvier 2011
dimanche 9 janvier 2011
Jules Supervielle (4)
...........L'oiseau de vie
Oiseau secret qui nous picores
Et nous fais vivre en même temps,
Toi qui nous ôtes et nous rends
D'un bec qui nourrit et dévore,
Tantôt alouette ou corbeau,
De tes ambigus artifices
Tu fais, tu défais l'édifice
Nous sommes tes vivants morceaux,
Tu es l'oiseau de notre sang
Qui de la source à l'embouchure,
Se blesse et boit à ses blessures,
Pour aller se recommençant,
Tu nous plaques dessus tes ailes
Si bien faites pour s'envoler,
Toi qui sais nous rester fidèle
Mais c'est pour pouvoir nous troubler,
Oiseau de l'humaine ramée,
Sous tes coups de bec enflammés
Nous demeurons tes combattants
A bras le corps avec le temps
Et son étreinte de fumée.
Jules Supervielle, La Fable du monde, suivi de Oublieuse mémoire, nrf Poésie / Gallimard
Oiseau secret qui nous picores
Et nous fais vivre en même temps,
Toi qui nous ôtes et nous rends
D'un bec qui nourrit et dévore,
Tantôt alouette ou corbeau,
De tes ambigus artifices
Tu fais, tu défais l'édifice
Nous sommes tes vivants morceaux,
Tu es l'oiseau de notre sang
Qui de la source à l'embouchure,
Se blesse et boit à ses blessures,
Pour aller se recommençant,
Tu nous plaques dessus tes ailes
Si bien faites pour s'envoler,
Toi qui sais nous rester fidèle
Mais c'est pour pouvoir nous troubler,
Oiseau de l'humaine ramée,
Sous tes coups de bec enflammés
Nous demeurons tes combattants
A bras le corps avec le temps
Et son étreinte de fumée.
Jules Supervielle, La Fable du monde, suivi de Oublieuse mémoire, nrf Poésie / Gallimard
dimanche 2 janvier 2011
samedi 1 janvier 2011
Philippe Jaccottet (9)
...................AGRIGENTE,
...................1er janvier
Un peu plus haut que cette place aux rares cibles,
nous cherchons l'escalier d'où la mer est visible,
ou du moins le serait si le temps était clair.
— Nous avons voyagé pour la douceur de l'air,
pour l'oubli de la mort, pour la Toison dorée...
Malgré le chemin fait, nous restons à l'orée,
et ce n'est pas ces mots hâtifs qu'il nous faudrait,
ni cet oubli, lui-même oublié tôt après... —
Il commence à pleuvoir. On a changé d'année.
Tu vois bien qu'aux regrets notre âme est condamnée :
il faut, même en Sicile, accepter sur nos mains
les mille épines de la pluie... jusqu'à demain.
Philippe Jaccottet, L'Effraie et autres poésies, nrf Gallimard
...................1er janvier
Un peu plus haut que cette place aux rares cibles,
nous cherchons l'escalier d'où la mer est visible,
ou du moins le serait si le temps était clair.
— Nous avons voyagé pour la douceur de l'air,
pour l'oubli de la mort, pour la Toison dorée...
Malgré le chemin fait, nous restons à l'orée,
et ce n'est pas ces mots hâtifs qu'il nous faudrait,
ni cet oubli, lui-même oublié tôt après... —
Il commence à pleuvoir. On a changé d'année.
Tu vois bien qu'aux regrets notre âme est condamnée :
il faut, même en Sicile, accepter sur nos mains
les mille épines de la pluie... jusqu'à demain.
Philippe Jaccottet, L'Effraie et autres poésies, nrf Gallimard
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