...................AGRIGENTE,
...................1er janvier
Un peu plus haut que cette place aux rares cibles,
nous cherchons l'escalier d'où la mer est visible,
ou du moins le serait si le temps était clair.
— Nous avons voyagé pour la douceur de l'air,
pour l'oubli de la mort, pour la Toison dorée...
Malgré le chemin fait, nous restons à l'orée,
et ce n'est pas ces mots hâtifs qu'il nous faudrait,
ni cet oubli, lui-même oublié tôt après... —
Il commence à pleuvoir. On a changé d'année.
Tu vois bien qu'aux regrets notre âme est condamnée :
il faut, même en Sicile, accepter sur nos mains
les mille épines de la pluie... jusqu'à demain.
Philippe Jaccottet, L'Effraie et autres poésies, nrf Gallimard