samedi 18 février 2012

Franck Venaille (4)









Je porte l'insomnie en moi comme autrefois mes ancêtres flamands la peste.
Rien pourtant ne me désigne au regard d'autrui.                       Rien.
Les nuits sans étoiles, yeux bandés, je démonte, nettoie, graisse puis remonte
mes armes.

Toujours dans le noir

C'est alors que je peux m'adresser à mes morts.
Qui sans montrer leur amertume, me répondent et nous devisons entre amis
d'une nouvelle stratégie militaire.
Les morts ont la parole. Qu'ils la gardent !

Seul mon père à l'écoute juge sévèrement la manière dont je vis.

SAN FRANCESCO DEL DESERTO

* *

Clapotement léger
L'aube sur cette scène du monde où des îles naissent dans la nuit.
Les vagues crevées. Le bois pourri. L'odeur d'essence. Et la brume sur tout cela.
D'autres
murs.
Des façades grillagées qui furent comme autant d'appels au secours.
Autrefois des hommes avaient vécu ici. Et probablement travaillé dur.
Clapotis léger.
Fatigué par ma vie (Je) le suis !

CANALE DESE

* *

J'ai  grand lassitude à vivre.
Repos, amis, laissez-moi m'arrêter un instant.
Les eaux mêlées. Là. M'entourant.
Ce que les jours pèsent parfois ce qu'ils pèsent !
Cela en devient trivial, non ?
Tout ce que j'abandonne pour, immédiatement 
le reprendre.
Les mains d'anciens conflits me brûlent.
Tandis que le froid fissure cette terre ocre une fois encore.

PALUDE DI SAN GIACOMO

* *

Le calme de l'infini au soleil couchant.
A l'endroit où les deux eaux se rejoignent cela se joue sur quelques mètres
nécessaires pour une rixe d'autrefois entre enfants de la Côte.
Puis, peu à peu - clac et clac - le vent de la lagune étendait ses drapeaux et cela
claquait dans l'air.
Notre barque prenait part à la danse.
Je posais mille questions à qui dirigeait la manœuvre gagnant là un moment de 
lucidité.
Il avait quitté le monastère. Il en souffrait.
Se serre mon cœur d'y penser.

PALUDE DELLA ROSA

* *

Franck Venaille, C'est à dire, Mercure de France