dimanche 19 février 2012

Franck Venaille (5)


Je suis maintenant sur une vaste place vide. Personne ne viendra se joindre à moi à cette heure. La cité tout entière m'appartient, la ville et Dante qui sortira à minuit de cette ruelle (celle-ci). Amassés devant les portes du palais les journaux ne résistent pas à la tempête et bientôt s'envolent. Leurs feuilles suivent ou accompagnent la violence du vent. On dirait d'immenses oies sauvages qui se battent, se combattent jusqu'à la mort, ailes déployées becs d'acier. Se heurtant aux murs. Tout cela noir et blanc.


La lagune est sombre. Foutaises ! Elle est ce que les hommes en font. Des pas résonnent, là-bas, Quelqu'un  (mon père ?) traverse le ghetto. Sa douleur ne se mesure pas.


C'était là chose à dire.
Franck Venaille, C'est à dire, Mercure de France