dimanche 4 janvier 2009

Anna Akhmatova (1)

J’arracherai ce jour de ta mémoire
Pour que ton regard, brumeux, désemparé,
Demande : où ai-je vu ce lilas de Perse,
Ces hirondelles, cette maison de bois ?
En m’entendant nommer, tu te rappelleras
La soudaine douleur des désirs indicibles,
Dans des villes pensives tu chercheras
Cette rue qui n’est sur aucun plan.
En voyant arriver une lettre inattendue,
En entendant derrière une porte une voix
Tu penseras : « C’est elle, elle-même,
Qui vient au secours de mon peu de foi. »

1915