vendredi 12 juin 2009

Franck Venaille (2)

Peut-être devons-nous
1 — 2 — 3
compter les journées de vraie joie
sur les doigts d'une main morte ?

Peut-être nous faut-il transformer
4 — 5 — 6
cri — crac — cri —
les râles en rire de ventriloque ?

*

J'avais
mal à vivre
ô
que j'eus peine
à trouver mon chemin
parmi
ronces et broussailles
tous ces fruits rouges que je
cueillais
avec élégance
avant
de leur confier
écrasé dans ma paume
mon
désespoir d'enfant.

*

Tragiquement tragique
la boiserie les vins les corps allongés

tragiquement tragique
la nudité du fleuve
en cette aube trop blanche

les regrets les remords
devant la vie hostile

crûment-crue
carrément criminelle

*

Faire sourire un corps mort !

On s'interroge
pour employer le mots justes

Puis
on raconte

Mais sans cesse
celui que la vie a quitté
exige une autre histoire
avec une autre fin

Et
l'on rentre chez soi
encore plus âgé
encore plus triste

*

Franck Venaille. Ça. MERCVRE DE FRANCE