Maison
Derrière le tournant je la retrouve,
elle est encore là, la maison, ni écroulée, ni brûlée.
Elle est plus vieille que moi,
je l'ai rénovée quand j'étais moi aussi en temps de rénovation.
S'écroulerait-elle que je ne me mordrais pas les mains
et je ne pesterais pas de rester sans toit.
J'ai encore le temps de voyager,
le bagage léger frapper aux portes
sans posséder de clés.
Je dois ça aux histoires, de me suffire,
moi aussi de leur suffire.
Avec crayon et cahier je peux écrire même quand gèle
l'encre dans mon stylo.
C'est la part qui me fut assignée,
héritage qu'on ne peut recevoir et laisser.
Je suis fait de ça, de pages feuilletées
et puis reposées.
Erri de Luca, Aller simple, Poèmes. Traduit par Danièle Valin. Gallimard