vendredi 25 décembre 2009

D. H. Laurence (3)

.........LE CENTRE DU MONDE

Cette mer ne mourra jamais, toujours jeune et bleue sans fin,
gonflant à l'aube ses collines
et protégeant l'esquif de Dionysos,
frêle et sombre, au mât pesant de grappes,
parmi les dauphins bondissants.

Qu'importe si les vapeurs
de la P.&O., de l'Orient Line, et autres pestilences
croisent à l'heure dite dans le royaume de Minos !
Ils ne font que passer, le royaume demeure.

Maintenant que la haute lune
dans la contemplation du soleil
embrase les mortels,
je vois descendre, à l'aube, des navires,
les hommes nus et minces de Cnossos,
à l'antique sourire de ceux dont le retour est sûr.
Ils allument sur les rivages de petits feux
et se blottissent, conversant
dans la musique des langages perdus.

Et l'on entend les dieux de Crète et de Tirynthe
comme autrefois doucement bavarder et rire ;
et Dionysos, jeune étranger, écoute
avec respect, de la barrière.

...
And the Minoan Gods, and the Gods of Tiryns
are heard softly laughing and chatting, as ever ;
and Dionysos, young and a stranger
leans listening on the gate, in all respect.

D. H. Laurence, Le navire de la mort et autres poèmes, Orphée, La Différence