.................................Feuilles d'herbe
...
La buée de mon propre souffle,
Échos, clapotis et murmures feutrés . . . racine d'amour, fil de soie, fourche et vigne,
Mon expiration et mon inspiration . . . les battements de mon cœur . . . . le passage du sang et de l'air dans mes poumons,
L'odeur des feuilles vertes et des feuilles sèches, du rivage et des rochers sombres de la mer, du foin, dans la grange,
Le son des mots éructés par ma voix . . . mots livrés aux tourbillons du vent,
Des baisers à la dérobade . . . . des étreintes . . . . des bras qui enlacent,
Le jeu de la lumière et de l'ombre sur les arbres aux branches souples qui ondulent,
Le plaisir d'être seul ou dans la cohue des rues, le long des champs et des collines,
La sensation de parfaite santé . . . . le trille du plein midi . . . . le chant de moi qui me lève du lit à la rencontre du soleil.
[...]Échos, clapotis et murmures feutrés . . . racine d'amour, fil de soie, fourche et vigne,
Mon expiration et mon inspiration . . . les battements de mon cœur . . . . le passage du sang et de l'air dans mes poumons,
L'odeur des feuilles vertes et des feuilles sèches, du rivage et des rochers sombres de la mer, du foin, dans la grange,
Le son des mots éructés par ma voix . . . mots livrés aux tourbillons du vent,
Des baisers à la dérobade . . . . des étreintes . . . . des bras qui enlacent,
Le jeu de la lumière et de l'ombre sur les arbres aux branches souples qui ondulent,
Le plaisir d'être seul ou dans la cohue des rues, le long des champs et des collines,
La sensation de parfaite santé . . . . le trille du plein midi . . . . le chant de moi qui me lève du lit à la rencontre du soleil.
Tu trouves que cela fait beaucoup, un millier d'acres ? Et la terre, tu la trouves immense ?
Apprends-tu à lire depuis si longtemps ?
Es-tu si fier de saisir le sens des poèmes ?
Reste avec moi ce jour et cette nuit, et tu connaîtras l'origine de tous les poèmes,
Tu jouiras des bienfaits de la terre et du soleil . . . . il reste des millions d'autres soleils,
Tu n'accepteras plus rien de deuxième ou de troisième main . . . . tu ne regarderas plus avec les yeux des morts . . . . et ne te nourriras plus des spectres qui hantent les livres,
Tu ne regarderas pas davantage avec mes yeux et n'accepteras rien de moi.
Tu écouteras toutes les parties et feras le tri de toi-même.
Apprends-tu à lire depuis si longtemps ?
Es-tu si fier de saisir le sens des poèmes ?
Reste avec moi ce jour et cette nuit, et tu connaîtras l'origine de tous les poèmes,
Tu jouiras des bienfaits de la terre et du soleil . . . . il reste des millions d'autres soleils,
Tu n'accepteras plus rien de deuxième ou de troisième main . . . . tu ne regarderas plus avec les yeux des morts . . . . et ne te nourriras plus des spectres qui hantent les livres,
Tu ne regarderas pas davantage avec mes yeux et n'accepteras rien de moi.
Tu écouteras toutes les parties et feras le tri de toi-même.
Walt Whitman, Feuilles d'herbe (1855), trad. E. Athenot, José Corti