dimanche 30 octobre 2011
lundi 24 octobre 2011
Tomas Tranströmer (2)
Et la nuit coule
d'est en ouest à
la vitesse de la lune.
~~
Les orchidées.
Des pétroliers glissent au loin.
C'est la pleine lune.
Tomas Tranströmer, Baltiques. Œuvres complètes 1954-2004, Poésie/Gallimard
dimanche 16 octobre 2011
Ito Naga (3)
Une fois la conversation terminée, elle ne raccroche pas tout de suite le téléphone. Elle attend quelques secondes pour laisser ce moment se dissiper.
Comme dans le haïku de la vieille mare de Bashô. On entend le silence qui revient pendant que se dissipent les ronds dans l'eau.
(...)
Ito Naga, Iro mo ka mo, la couleur et le parfum, Cheyne éditeur
dimanche 9 octobre 2011
Ito Naga (2)
Tant de lumière qu'il n'y avait rien d'autre à faire que dormir.
D'autres jours, absorbée par le bleu de la mer comme le raconte un poète de Kyushuu :
Hai made no aoki
Umi no tabi
Bruit des vagues
Bleu jusque dans les poumons
Lors de ce voyage en mer
Un bleu qui apparait furtivement, caché sous la surface de l'eau lorsqu'on quitte Kagoshima vers le sud.
Au bord de la mer, elle tend la main vers la vague qui arrive comme si elle s’apprêtait à caresser un animal farouche.
As-tu remarqué que le creux de la vague crée une vague de lumière sur le fond de la mer ?
Trois couleurs : turquoise, émeraude, et sombre.
(...)
Ito Naga, Iro mo ka mo, la couleur et le parfum, Cheyne éditeur
Ito Naga (1)
A la hauteur de son cou, le col blanc d'une sous-veste fait une transition douce entre le kimono et la peau.
Parfois, la sous-veste d'un kimono est plus somptueuse que le kimono lui-même. Il arrive qu'on l'aperçoive lors d'un coup de vent ou d'un déhanchement.
Iki (le chic) ne consiste pas à montrer ostensiblement mais plutôt à laisser découvrir. Comme cette belle étoffe de soie cachée au revers d'une veste.
En japonais, on dit de la beauté qu'elle remplit l'air (kaoru). A la façon d'une senteur.
Et bien plus qu'une senteur trop forte, ce ne sont souvent que quelques molécules flottant dans l'air qui rappellent un souvenir et font frémir le coeur.
L'encolure si gracieuse derrière la nuque de la femme en kimono n'est pas trop ouverte.
(...)
Ito Naga, Iro mo ka mo, la couleur et le parfum, Cheyne éditeur
Séféris (2)
Huile sur les membres,
peut-être odeur rance
comme ici sur le pressoir à huile
de la petite église
dans les pores grossiers
de la pierre arrêtée.
Huile sur la chevelure
couronnée d'une corde
peut-être aussi d'autres parfums
que nous n'avons pas connus
pauvres et riches
et statuettes aux doigts
offrant de petits seins.
Huile au soleil :
les feuilles ont frémi
à l'arrêt de l'étranger
et le silence s'est alourdi
entre les genoux.
Les monnaies sont tombées ;
"Au nom de la déesse..."
Huile sur les épaules
et sur la taille qui a fléchi
chevilles tachetées dans l'herbe
et cette plaie dans le soleil
alors qu'on sonnait les vêpres
alors que je parlais dans la cour
avec un estropié.
Georges Séféris, Journal de bord, traduit du grec par Vincent Barras, Éditions Héros-Limite
Séféris (1)
Et tu vois la lumière du soleil comme disaient les anciens.
Pourtant je croyais toutes ces années que je voyais
marchant entre la montagne et la mer
conversant avec les hommes aux cuirasses parfaites ;
étrange, je n'avais pas remarqué que je voyais seulement leur voix.
C'était le sang qui les forçait à parler, le bélier
que j'égorgeais et étendais à leurs pieds
mais la lumière n'était pas le fameux tapis rouge.
Tout ce qu'ils me disaient il fallait que je le palpe
comme lorsqu'on te cache traqué la nuit dans une étable
ou que tu atteins enfin le corps aux profonds replis d'une femme
et que la chambre est pleine d'odeurs étouffantes ;
tout ce qu'ils me disaient peau écorchée et soie.
Étrange, je la vois ici la lumière du soleil ; le filet d'or
où les choses frétillent comme les poissons
qu'un grand ange ramène
avec les filets des pêcheurs
Georges Séféris, Journal de bord, traduit du grec par Vincent Barras, Éditions Héros-Limite
samedi 8 octobre 2011
jeudi 6 octobre 2011
Tomas Tranströmer
Las de tous ceux qui viennent avec des mots
Des mots, mais pas de langage,
Je partis pour l'île recouverte de neige.
L'indomptable n'a pas de mots !
Ses pages blanches s'étalent dans tous les sens.
Je tombe sur les traces de pas d'un cerf dans la neige
Pas des mots, mais un langage.
Tomas Tranströmer. Baltiques, traduit du suédois par Jacques Outin. Poésie / Gallimard