dimanche 9 octobre 2011

Séféris (2)

AU NOM DE LA DÉESSE...

Huile sur les membres,
peut-être odeur rance
comme ici sur le pressoir à huile
de la petite église
dans les pores grossiers
de la pierre arrêtée.

Huile sur la chevelure
couronnée d'une corde
peut-être aussi d'autres parfums
que nous n'avons pas connus
pauvres et riches
et statuettes aux doigts
offrant de petits seins.

Huile au soleil :
les feuilles ont frémi
à l'arrêt de l'étranger
et le silence s'est alourdi
entre les genoux.
Les monnaies sont tombées ;
"Au nom de la déesse..."

Huile sur les épaules
et sur la taille qui a fléchi
chevilles tachetées dans l'herbe
et cette plaie dans le soleil
alors qu'on sonnait les vêpres
alors que je parlais dans la cour
avec un estropié.

Georges Séféris, Journal de bord, traduit du grec par Vincent Barras, Éditions Héros-Limite