dimanche 28 février 2010

Marina Tsvétaïéva (1)

... J'aimerais vivre avec vous
Dans une petite ville,

Aux éternels crépuscules,
Aux éternels carillons,

Et dans une petite auberge de campagne —

Le tintement grêle

D'une pendule ancienne — goutte à goutte de temps.

Et parfois, le soir, montant d'une mansarde —

Une flûte,

Et le flûtiste lui-même à la fenêtre.

Et de grandes tulipes sur les fenêtres.

Et peut-être, ne m'aimeriez-vous même pas...


Au milieu de la chambre — un énorme poêle de faïence,

Sur chaque carreau — une image :

Rose, cœur et navire.

Tandis qu'à l'unique fenêtre —

Il neige, neige, neige.

Vous seriez allongé tel que je vous aime : paresseux,

Indifférent, léger.

Par instants le geste sec

D'une allumette.

La cigarette brûle et se consume,

Et longuement à son extrémité,

— Courte colonne grise — tremble

La cendre.

Vous n'avez même pas le courage de la faire tomber —

Et toute la cigarette vole dans le feu.









Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle suivi de Tentative de jalousie, Poésie/Gallimard