.....Nous mangeons doucement en silence.
....Devant la nourriture, mes gestes se font plus lents. Làila se met à mon rythme et je vois son adagio prendre une grâce intense. Mon désir de la toucher s'accentue.
....Puis je sens que sa voix s'effrite, comme les sons au seuil du sommeil. Je l'entends me demander quelque chose et je lui réponds d'une seule partie de moi-même. L'autre, dans laquelle je me trouve, écoute la voix s'en aller, sans gouverne.
....Je commence par une musique, puis viennent des phrases d'une vie lointaine et je suis impuissant à les arrêter.
....Ils nous massacrent tous, ceux de la révolte.
....Nous giclons d'une cachette à l'autre.
....Nous portons sur nous l'odeur de la peur. Dans la rue, les chiens le sentent et nous suivent.
....Dans la fuite nous cherchons une vengeance.
....L'Argentine arrache une de ses générations au monde comme le fait une folle avec ses cheveux. Elle tue sa jeunesse, elle veut s'en passer. Nous sommes les derniers.
....Je suis ici depuis des années pour aimer une femme et maintenant je suis en guerre.
.......Ils nous massacrent tous, ceux de la révolte.
....Nous giclons d'une cachette à l'autre.
....Nous portons sur nous l'odeur de la peur. Dans la rue, les chiens le sentent et nous suivent.
....Dans la fuite nous cherchons une vengeance.
....L'Argentine arrache une de ses générations au monde comme le fait une folle avec ses cheveux. Elle tue sa jeunesse, elle veut s'en passer. Nous sommes les derniers.
....Je suis ici depuis des années pour aimer une femme et maintenant je suis en guerre.
Erri de Luca, Trois chevaux, Gallimard