mercredi 22 décembre 2010

Ludovic Janvier (1)

...........Ce rien douceur

Encore une fois tu manges à la blessure
elle est exactement ce rien de douceur
où reste à briller rose la chair
grande offerte qu'on croyait vouloir

Or brusquement comme une preuve
le goût vous quitte on reste enfoui
à finir son devoir de tendresse
quand on était parti sauvage pour savoir

Et te voilà puni par les yeux
puisqu'il faut les fermer pour bien faire
puis les fermer pour voir
à quel point voir est impossible

Tu ne choisiras pas entre voir et lécher
l'un vous aveugle et l'autre vous oublie
ou se relèvera sans rien comprendre
gamin toujours à figure barbouillée

Je ne connais que les mots pour faire l'ombre
loin du sexe ouvert sur moi tombé des nues
loin de l'odeur qui fait sourire et retient prisonnier
une eau calme venant qui ressemble au sommeil

Ludovic Janvier, La mer à boire, nrf Poésie / Gallimard