Promeneuses des lenteurs
venues pour nous fendre l'âme
Une fille me disant
fais de moi ce que tu veux
mets-toi nue je lui demande
et marche en venant vers moi
que ta peau fasse lumière
laissant bouger le nid d'ombre
où je chercherai plus tard
pour ce qui est du velours
je le tiens de ta démarche
tu le promets pas à pas
nue pour me crever les yeux
nue pour faire l'évidence
nue en marche et qui rapproche
le mystère d'être là
puis advienne que pourra
je te mange tu me bois
à moins que rien ne se fasse
sauf l'éternité qui passe
l'éternité de l'instant
pris dans l'enfance de voir
Ludovic Janvier, Une poignée de monde, nrf Gallimard