samedi 25 décembre 2010

Ludovic Janvier (5)

Martial Raysse, Nu jaune et calme, 1963, 97x130


Promeneuses des lenteurs

venues pour nous fendre l'âme

Une fille me disant
fais de moi ce que tu veux
mets-toi nue je lui demande
et marche en venant vers moi

que ta peau fasse lumière
laissant bouger le nid d'ombre
où je chercherai plus tard
pour ce qui est du velours
je le tiens de ta démarche
tu le promets pas à pas

nue pour me crever les yeux
nue pour faire l'évidence
nue en marche et qui rapproche
le mystère d'être là

puis advienne que pourra
je te mange tu me bois
à moins que rien ne se fasse
sauf l'éternité qui passe
l'éternité de l'instant
pris dans l'enfance de voir

Ludovic Janvier, Une poignée de monde, nrf Gallimard