A supposer que les oiseaux se taisent
toujours une branche craque au bord de l'écoute
à supposer que le bois ne s'étire pas
toujours on y devine une rumeur de vent
à supposer qu'on n'entende plus le moindre souffle
dans le calme il y a toujours un bruit qui se prépare
à supposer que l'imminent demeure imperceptible
il y a ce bruit de voix que fait la pensée
à supposer que la pensée elle aussi renonce
il reste ce murmure en moi parce que je t'attends
à supposer qu'un jour je renonce à t'attendre
le silence écoutera toujours venir la fin d'attendre
Ludovic Janvier, Une poignée de monde, nrf Gallimard